63e anniversaire du déclenchement de la Révolution: Message du Président de la République
« Bismillah Errahmane Errahim,
Mes chers compatriotes,
Nous commémorons demain, le déclenchement d’une épopée héroïque.
En effet, le 1er Novembre 1954 est une date fondatrice de notre histoire contemporaine, une date qui a vu notre peuple proclamer à la face du monde, et d’abord à la face du colonisateur, sa détermination à recouvrer son indépendance et sa liberté quel qu’en devait être le prix.
Notre peuple a effectivement restauré la souveraineté de sa Patrie au prix d’un million et demi de martyrs, de centaines de milliers de veuves et d’orphelins, et de milliers de citoyens déracinés.
Ce véritable martyre collectif a été le tribut grâce auquel ont été brisés les jougs d’une colonisation centenaire, une colonisation de peuplement, une colonisation d’extermination et de spoliation, une colonisation de négation, une colonisation qui, même à son crépuscule, n’avait pour seule réponse à toute revendication algérienne pacifique que la répression la plus sanglante d’une population civile sans armes, une répression dont les massacres du 8 Mai 1945 demeurent une barbarie infamante pour ses auteurs.
Par delà nos propres frontières, les sacrifices de notre peuple pour son indépendance auront des effets sur la cause des autres peuples colonisés.
Notre Révolution a ainsi accéléré l’accession de peuples nord-africains à l’indépendance, à l’image des frères tunisiens et marocains, dont nous n’oublierons pas la solidarité active avec notre peuple en lutte.
Ailleurs, en Afrique, la Révolution algérienne a servi d’exemple aux revendications anticolonialistes, accélérant l’accession à l’indépendance de nombreux peuples du continent, dont certains ont activement soutenu notre cause nationale.
L’Algérie en lutte a également contribué à la codification, par les Nations Unies, du droit des peuples coloniaux à l’indépendance, à travers l’historique résolution 1514 de l’Assemblée Générale des Nations de Décembre 1960, un texte écrit avec le sang de nos glorieux martyrs.
Tels sont quelques rappels de la glorieuse Révolution de Novembre que notre peuple a ajoutés à d’autres pages glorieuses de son Histoire plusieurs fois millénaire, une Histoire faite de contributions brillantes au développement de la civilisation universelle, une Histoire faite aussi de solidarités concrètes à travers les siècles, aux côtés de Nations partenaires, alliées ou soeurs, une Histoire faite également de résistances farouches contre toutes les invasions de notre Patrie dont aucune n’a pu survivre à nos combats libérateurs.
A la veille du 63ème anniversaire du déclenchement de la Glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954, je m’associe à vous, mes chers compatriotes, dans un recueillement respectueux et ému à la mémoire de nos Héros, les chouhada et les chahidate, martyrs de notre Lutte de libération nationale.
En cette même occasion, je m’incline en votre nom à tous et en mon nom personnel, à la mémoire de mes compagnons, moudjahidine et moudjahidate, qui, de plus en plus nombreux malheureusement, nous quittent chaque année, après avoir contribué à la reconstruction de l’Algérie libérée.
Je salue aussi, les frères et soeurs moudjahidine et moudjahidate encore en vie, et je prie Dieu de leur accorder à chacun, longue vie et bonne santé.
Je saisis également cette occasion commémorative pour inviter les responsables de notre système national d’éducation, d’enseignement et de formation, les hommes et femmes de lettre et de culture, les moudjahidine, acteurs et témoins de notre lutte de Libération nationale, à écrire, à vulgariser et à enseigner notre Histoire, au sein de laquelle la Révolution de Novembre demeurera une épopée incomparable.
La lutte de libération nationale ne saurait se suffire d’une glorification limitée aux seules occasions commémoratives. Bien au contraire, elle doit nécessairement être au centre de nos enseignements, et au centre de nos productions artistiques, culturelles et médiatiques.
En effet, la Révolution de Novembre a été et demeure le ciment de notre unité nationale. La Révolution de Novembre doit demeurer un héritage rassembleur de toutes les forces politiques, économiques et sociales, chaque fois qu’il s’agira de l’Algérie avant tout. La Révolution de Novembre est un patrimoine que les générations actuelles ont le devoir de léguer aux générations futures, de sorte que celles-ci en nourrissent leur fierté nationale à travers les décennies et même les siècles à venir.
Mes chers compatriotes,
La commémoration du déclenchement de la Glorieuse Révolution de Novembre et la communion nationale qu’elle suscite avec nos Glorieux chouhada, nous invite à évaluer ce que nous avons fait de l’indépendance nationale, et à nous interroger sur ce que nous devons encore faire au service de l’Algérie. Je voudrais donc partager avec vous quelques rappels et quelques projections par rapport au bilan de l’Algérie indépendante, mais aussi et surtout, en ce qui concerne les défis de demain.
Mes chers compatriotes,
Notre peuple peut être fier du bilan de son demi-siècle d’indépendance.
Certes, nous avons vécu une tragédie nationale terrible et sanglante.
Cependant, cette étape douloureuse a été marquées par la résurgence des vertus héritées de la Glorieuse Révolution de Novembre grâce auxquelles nous avons triomphé de la barbarie terroriste, avant de puiser dans les nobles préceptes de l’Islam, pour dépasser nos douleurs communes par la Réconciliation nationale, et nous retrouver ainsi dans notre Patrie à tous, dans notre religion à tous, et sous l’empire des Lois de notre République à tous.
Hormis cette page douloureuse, notre parcours a été bien jalonné de réalisations économiques, sociales, politiques et diplomatiques remarquables.
L’Algérie sinistrée par sept ans de lutte a été reconstruite. Notre peuple privé de savoir pendant plus d’un siècle, envoie à présent chaque jour, 11 millions de ses enfants sur les bancs des écoles, des lycées et des universités. Aux milliers de villages rasés par l’occupant ont succédé des millions de logements construits, dont près de 4 millions depuis le début de ce nouveau siècle. Notre pays compte aujourd’hui des dizaines de milliers d’entreprises, publiques, privées ou en partenariat. Notre agriculture hier concentrée sur les seules bandes littorales, a désormais prospéré y compris à travers les Hauts Plateaux et à travers le Sahara.
Au plan politique et institutionnel, la République est bien solide avec ses institutions constitutionnelles élues et réélues toutes les cinq années, dans le cadre de règles transparentes, qui sont l’objet d’une modernisation continue.
L’Islam, élément essentiel de notre identité nationale, est la religion de l’Etat, qui veille aussi, dans le cadre de la Loi, à prévenir toute résurgence de l’extrémisme ou de toute velléité politicienne de monopoliser notre Foi.
Ce faisant, l’Algérie qui a tant contribué à la propagation de l’Islam et de sa brillante civilisation à travers les continents, entend aujourd’hui, concourir par son propre exemple, dans un monde perturbé, à l’affirmation de l’image véritable de l’Islam, cette religion de science, de tolérance et de convivialité.
Notre identité est plus que jamais le creuset fécond de notre unité nationale et de notre génie culturel. En effet, outre la place sacrée que l’Islam occupe dans notre Loi fondamentale et dans nos cœurs, et aux côtés de la Langue Arabe qui a tôt reconquis sa place légitime de langue nationale et officielle, la langue amazighe est désormais, elle aussi, une langue nationale officielle de l’Algérie qui devra la promouvoir davantage.
La démocratie pluraliste et la liberté d’expression sont incontestablement des réalités bien établies, et nous en acceptons même sereinement, quelques excès et quelques outrances, convaincus que le peuple observe et prononce chaque fois ses arbitrages souverains.
Sur la scène internationale, l’Algérie demeure fidèle à ses principes de solidarité avec les peuples frères ainsi qu’avec les causes justes à travers le monde, tout comme elle demeure un membre actif et respecté de la communauté internationale, au service de la paix et de la sécurité mondiales, de la coopération régionale, et de la lutte contre le terrorisme sous le couvert des Nations Unies.
Ces quelques rappels de nos réalisations économiques, sociales, politiques et diplomatiques, confirment que l’Algérie est demeurée fidèle à la Proclamation du 1er Novembre 1954, un appel pour la liberté, et la dignité, un appel pour la construction d’une Algérie démocratique et sociale dans le cadre des principes de l’Islam, un appel pour des relations de paix et de coopération entre les peuples indépendants, dans le cadre de la réciprocité des intérêts.
Mes chers compatriotes,
Si nos réalisations se sont inscrites dans le sillon ouvert par notre combat libérateur, il reste encore à nous mobiliser pour préserver et consolider ces acquis qui ne sont qu’une étape dans la construction nationale.
Préserver nos acquis exige de nous, dans la pluralité des options politiques, d’être capables de faire partie d’un front patriotique commun, chaque fois qu’il s’agira de l’Algérie, notamment face aux multiples menaces extérieures.
L’Armée Nationale Populaire, digne héritière de l’Armée de Libération Nationale, que je salue en votre nom à tous, prend en charge efficacement sa mission constitutionnelle de protection de nos frontières face au terrorisme international et au crime transfrontalier. Cette institution républicaine doit donc être tenue à l’abri des surenchères et des ambitions politiciennes.
L’ère des périodes de transitions est révolue en Algérie dont les institutions politiques ont été sauvegardées aux prix de dizaines de milliers de martyrs du devoir national. Le pouvoir se conquiert désormais, aux échéances prévues par la Constitution, auprès du peuple souverain qui l’attribue par la voie des urnes, à la lumière de programmes concrets qui lui seront proposés.
Mes chers compatriotes,
La préservation de l’héritage de nos glorieux martyrs, et notamment celle de notre souveraineté entière ainsi que nos options sociales de justice et de solidarité nous interpellent, aujourd’hui plus que jamais, pour plus d’efforts et plus d’efficacité dans le domaine économique.
En effet, les prix des hydrocarbures ont sévèrement reculé ces dernières années, ce qui nous condamne à poursuivre notre développement avec des revenus publics sérieusement amoindris, et ce alors que notre démographie enregistre une forte croissance.
Ce pari n’est pas au-dessus de nos capacités nationales pour autant que nous fassions tous preuve de convergence autour des voies et moyens de développement que la bataille requiert.
Ces voies et moyens sont de faire prévaloir une seule et unique idéologie, celle des intérêts du pays et de ses citoyens, pour valoriser davantage nos immenses potentialités industrielles, énergétiques, agricoles, touristiques, minières et autres.
Les voies et moyens requis consistent dans la perception de l’entreprise qui produit, qu’elle soit publique, privée ou en partenariat, comme un outil précieux créateur d’emplois, sources de revenus et surtout source de richesses pour la collectivité, un outil qu’il importe donc de développer par la productivité et la compétitivité.
Les voies et moyens requis pour gagner cette bataille résident aussi dans la conduite et l’accélération des réformes nécessaires pour moderniser et décentraliser la gestion des affaires publiques, moderniser l’environnement de son économie y compris financier, et avancer dans la maitrise des nouvelles technologies.
En application de mon programme et de mes directives, le Gouvernement s’est attelé à la tâche pour aller de l’avant dans la bataille du développement économique, de la pérennisation de la justice sociale, et de la préservation de la souveraineté économique.
Je me félicite également de la disponibilité des travailleurs représentés par l’UGTA ainsi que de celle des entrepreneurs représentés par leurs organisations patronales, à s’investir pleinement dans cette bataille économique que le dialogue tripartite ne manquera pas de faciliter.
La classe politique gagnerait aussi à promouvoir des convergences en son sein, autour des questions économiques et sociales, qui sont le champ le plus propice à un consensus national. Des pays développés ont emprunté cette voie, à travers laquelle l’Algérie aura elle aussi à gagner, alors que les partis politiques en tireront eux-mêmes un bénéfice certain.
En un mot, mes chers compatriotes, en ce jour commémoratif de notre épopée héroïque qui nous a fait sortir de la nuit coloniale, c’est toute la Nation que j’invite à redoubler d’efforts dans la mère des batailles, la bataille du développement que notre Prophète Mohammed (QSSL) a qualifiée de El Djihad el Akbar.
Gloire à nos martyrs,
Vive l’Algérie,
Merci de votre attention ».