République Algérienne Démocratique et Populaire

Ambassade d'Algérie en France

INTERVIEW ACCORDÉE PAR LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. ABDELKADER MESSAHEL A RFI

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RFI : Monsieur le ministre Abdelkader Messahel, l’Opep vient de décider d’augmenter la production de pétrole d’environ un million de barils par jour. Est-ce que cette décision va avoir un impact sur la production algérienne, sur les finances algériennes ?

Abdelkader Messahel : Un impact, non. D’abord l’Algérie est partie prenante à tout ce qui se décide par l’Opep. Il est évident que les prix sont ce qu’ils sont aujourd’hui. Est-ce que cela a des conséquences, une baisse ? Je ne pense pas.

Au sein de l’Opep, l’Arabie saoudite et l’Iran se livrent une guerre presque ouverte sur fond de demande mondiale en hausse et de sanctions américaines contre l’Iran. Est-ce que l’Algérie a choisi son camp ?

Nous n’avons pas de problème, avec aucun pays au monde. Nous avons une politique qui est celle de l’Algérie depuis l’Indépendance. On ne s’ingère jamais dans les questions intérieures des pays et on ne permet à personne de s’ingérer dans nos affaires intérieures. Nous avons des relations exceptionnelles avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Arabie saoudite, avec les pays du Golfe… Nous n’avons pas de problèmes, avec aucun pays.

En Libye, comment voyez-vous les tentatives de médiation française ou onusienne pour ramener la paix dans le pays ?

Le processus doit être le processus des Nations unies. Je crois que même la réunion de Paris l’a conforté. Ensuite, le processus doit être un processus libyen. Il faut qu’il y ait une appropriation par les Libyens de leur avenir, un processus qui préserve l’unité, la stabilité de ce pays. Nous adhérons à cette démarche. Nous avons toujours soutenu les efforts des Nations unies et nous soutenons aussi tous les efforts qui tendent à accompagner les Nations unies dans cette mise en œuvre de la feuille de route et le plan d’action des Nations unies. Donc, Paris est venu renforcer ce courant, eh bien nous l’avons soutenu. Le Premier ministre l’avait dit à Paris au sortir de cette conférence.

L’Algérie est-elle tentée d’intervenir, même diplomatiquement, dans les combats qui ont eu lieu ces derniers jours dans le Croissant pétrolier dont le maréchal Haftar a annoncé avoir repris le contrôle ?

Je vous ai dit, nous n’intervenons jamais dans ces affaires. Nous pensons que les Libyens ont suffisamment de capacités pour régler leurs problèmes. Ce que nous regrettons c’est que ce genre de situation ne concoure pas à ce que la paix et la stabilité reviennent rapidement. La Libye a commencé à reproduire à peu près ce qu’elle faisait avant 2010-2011. Ils étaient à 1,2 million barils/jour et ils sont revenus à un million et quelque barils/jour. Aujourd’hui, avec ce qui s’est passé dans le Croissant pétrolier – avec l’attaque des deux réservoirs -, ça a quand même diminué la production. Les Libyens sont capables de trouver des formules pour s’en sortir.

Au Mali, la mise en œuvre de l’accord de paix n’avance pas. Pire, on est tenté de dire qu’elle recule avec les découvertes macabres de ces derniers jours de charniers qui impliquent l’armée malienne. Dans le nord, les groupes armés signataires et non signataires de l’accord de paix sont loin d’avoir déposé les armes. Or, l’Algérie est à la tête de la médiation. Est-ce qu’on peut parler d’échec ?

Non, le processus avance et il avance très bien. Il ne faut pas confondre entre la mise en œuvre des accords de Bamako nés du processus Alger –donc la solution politique avance très bien –, et la lutte contre le terrorisme. Ça, ce sont deux situations différentes. Il y a un processus politique qui avance. C’est très bien, parce qu’il faut faire aboutir le processus politique pour que réellement la lutte antiterroriste soit une lutte beaucoup plus efficace. Elle existe, il y a une lutte qui est portée aux terroristes sur le terrain. Mais on gagnerait à faire aboutir le processus politique pour que l’Etat se redéploye, que les institutions maliennes retrouvent la plénitude de leur potentiel et de leurs moyens, pour que la lutte contre le terrorisme soit une lutte plus efficace.

C’est le Malien Iyad Ag Ghali qui dirige la coalition groupe jihadiste qui mène des attaques terroristes au Mali et selon de nombreuses sources locales, militaires, diplomatiques, il se cacherait dans le sud de l’Algérie. Est-ce que c’est possible ?

Nous n’avons pas d’informations comme quoi il se cache en Algérie. Je l’ai dit et répété aux officiels français et je l’ai répété à vos collègues, ces sources-là n’engagent que leurs déclarations.

Quel bilan tirez-vous du mandat du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui arrive à son terme en juillet ?

C’est aux Maliens de tirer ce bilan, ce n’est pas à moi d’en tirer le bilan. En tous les cas, nous avons des relations historiques avec les pays voisins, nous avons une excellente coopération avec ce pays frère et voisin.

Vu d’Algérie, comment est-ce que vous qualifieriez la gestion de la crise des migrants par la France, par l’Union européenne, et ce projet de créer des zones de débarquement, peut-être dans les pays voisins de l’Union européenne ?

Nous sommes confrontés aux mêmes problèmes. Quand il s’agit de la migration clandestine il faut que les choses soient bien comprises. Nous connaissons les mêmes phénomènes, nous devons lutter contre la migration clandestine, dans le cadre des conventions des Nations unies, dans le cadre de l’arrangement avec les pays d’origine et les pays de transit. C’est ce que nous faisons en tous les cas en tant qu’Algérie. Je ne m’intéresse pas directement à ce que les Européens peuvent faire. C’est leur affaire. Je crois que les Européens ont suffisamment de capacités, de moyens et d’imagination pour gérer ce genre de situation.

Donc, cela veut dire : pas de zone de débarquement en Algérie ?

Nous l’avons dit. Il est exclu que l’Algérie ouvre une quelconque zone de rétention… Nous sommes déjà confrontés aux mêmes problèmes. Nous procédons à des reconductions, mais nous le faisons selon des arrangements que nous avons avec nos pays voisins.

L’Algérie elle-même est critiquée pour sa gestion de la crise migratoire : les reconductions qualifiées de « brutales » par des ONG, par les Nations unies, dans le désert du Sahara.

Les ONG, cela n’engage qu’elles-mêmes. Maintenant, que l’Algérie soit critiquée, nous savons dans quel contexte on fait face aux critiques. Mais ce n’est pas innocent c’est une campagne que certains essaient de mener contre l’Algérie. Nous sommes très sereins parce que, ce que nous faisons, nous le faisons dans le cadre du respect de nos lois. Nous le faisons dans le cadre du respect de la dignité humaine et nous le faisons dans le cadre de la concertation avec les pays de transit.

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