Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a affirmé, mercredi, que la reconnaissance par la France de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental s’apparentait à « un cadeau de celui qui ne possède pas à celui qui ne mérite pas ».
Il y a une expression simple pour désigner la valeur juridique de la reconnaissance par la France de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, « il s’agit d’+un cadeau de celui qui ne possède pas à celui qui ne mérite pas+ », a estimé M. Attaf lors d’une conférence de presse au siège du ministère.
« Considérer le plan d’autonomie marocain comme la seule et unique solution à la question du Sahara occidental revient à écarter tout effort visant à trouver une solution alternative à cette question, conformément aux résolutions internationales, notamment celles du Conseil de sécurité à l’élaboration et à l’adoption auxquelles la France a participé », a-t-il ajouté.
« Le message du président français au roi du Maroc montre que la France souscrit totalement à la position marocaine concernant la question du Sahara occidental et en fait une priorité qu’elle s’engage à défendre aux niveaux national et international, comme si le plan marocain concernant le Sahara occidental était devenu un plan français », a-t-il soutenu.
Concernant les répercussions de la position française sur le Sahara occidental et sur la paix et la sécurité dans la région, M. Attaf a dit que « cette décision par laquelle (Paris) prétend vouloir relancer le processus politique de règlement du conflit au Sahara occidental, contribue au contraire à pérenniser la situation de blocage dans laquelle se trouve le processus politique depuis près de deux décennies ».
« Ce blocage est dû directement au +plan d’autonomie+ présenté par le Maroc en 2007, lequel vise à mettre fin au droit à l’autodétermination reconnu internationalement au peuple sahraoui en sabordant l’organisation d’un référendum sur ce territoire, en tuant dans l’œuf les solutions politiques alternatives et en empêchant l’émergence de toute initiative sérieuse et sincère pour le règlement de ce conflit, en dehors de celles voulues par le Maroc pour légitimer le fait colonial au Sahara occidental », a souligné le ministre.
Il vise aussi à « gagner du temps pour consacrer le fait accompli colonial et l’imposer à la communauté internationale, en l’amenant à s’y adapter et à l’accepter, en laissant passer les opportunités les unes après les autres », a-t-il ajouté.
Dans cette optique, « le soutien absolu de la France au plan d’autonomie marocain est une manœuvre pour le ressusciter et continuer ainsi d’entraver les efforts de règlement politique de la question du Sahara occidental et de faire perdurer le fait colonial imposé au peuple sahraoui », a expliqué M. Attaf.
« Comment la proposition d’autonomie a pu perdurer plus de 17 ans sans jamais faire l’objet d’une once de débat ? », s’est-il interrogé.
Ne pas soumettre cette proposition aux négociations pendant tout ce temps montre qu' »elle n’a jamais été prise au sérieux en tant que cadre pour le règlement du conflit au Sahara occidental », a estimé M. Attaf, faisant remarquer qu' »aucun des quatre envoyés internationaux qui se sont succédé ces deux dernières décennies n’y a prêté un quelconque intérêt ».
« La décision française cautionne le fait colonial imposé au peuple sahraoui à rebours des récents efforts diplomatiques consentis par l’ONU et différents acteurs internationaux influents pour relancer le processus politique et mettre fin au conflit au Sahara occidental », a souligné le ministre des Affaires étrangères.
« En s’alignant complètement sur le Maroc, la France s’exclut de tout rôle dans les efforts diplomatiques visant le règlement de cette question, que ce soit au niveau du Conseil de sécurité en tant que membre permanent ou en dehors de cette instance onusienne centrale », a-t-il fait valoir.
« La décision française qui vise à ouvrir une nouvelle page dans les relations franco-marocaines n’est qu’un deal irrecevable sur les plans juridique, politique et moral conclu entre deux parties au détriment d’un tiers opprimé : le peuple sahraoui », a déploré le ministre.